Au café

16 août 2008

Au sortir de l'adolescence, elle avait eu besoin de liberté. Elle comprendrait donc bien le besoin de ses enfants grandissant qui voulaient VIVRE au delà de la famille, la famille qui parfois vous étouffe et vous rétrécit malgré elle, l'espace.. qu'on a déjà tant de mal à apprivoiser. Elle, elle était partie vers ses 20 ans même si elle avait travaillé dès ses dix huit ans comme serveuse de cantines à l'EDF, puis serveuse de resto, de bar, en passant par un job de secrétaire de médecin réputé ...Et lorsqu'on lui parlait des études, elle disait "moi, j'ai fait des études de bar" "?", "oui des études de psychologie......de bar", car elle avait appris beaucoup sur l'homme, l'homme-anthropos autant que l'homme aner-andros, au comptoir de ses jours et de ses nuits de jolie jeune fille qui servait des cafés. Dès son arrivée à l'école d'infirmière, c'était parce qu'elle avait appris bien des choses qu'à la question de la mono "pourquoi faites-vous des études d'infirmière?", elle avait eu le cran de répondre "parce que j'en avais marre de faire la put' dans les bars!" La mono avait eu, elle, le culot de lui répondre "vous la ferez à l'hôpital!" Elle n'avait pas renchéri, elle avait tu son licenciement : le médecin, si réputé couchait avec sa secrétaire blonde; la secrétaire châtain clair, elle, avait dit non! Elle était retournée dans ses bars-restaurants. A l'école d'infirmière du kremlin-bicêtre (elle habitait le 5ème à cette époque là, et c'est sur la ligne du 47 qui mène au KB), quand la directrice lui avait lors d'une discussion sur sa tenue , demandé de se mettre un peu de rouge à lèvres, elle avait répondu "jamais" . Elle n'avait jamais de sa vie supporté le rouge à lèvre, qui laissait, tiens donc, des traces grasses sur les tasses de café.
De ces années de pseudo liberté lui était resté un goût prononcé pour les cafés. Et même si le café au café valait la moitié du prix de son paquet de café bio équitable à la maison, elle ne savait pas se priver d'un café au café.