Le matin,
soit elle part d'un côté en stop...( c'est pipé! Y'a au moins 10 collègues et plus qui empruntent la route du tacot qui n'existe plus depuis au moins la dernière guerre), soit elle part en vélo..... 2kms à peine plus et c'est chaque matin un mélange de peur et de bonheur...Malgré le brouillard, elle est partie ce matin à travers les routes et à chaque fois qu'elle entendait au loin un moteur de voiture (ou de camion), elle serrait les roues vers l'herbe et elle se disait que c'était peut-être à cette minute qu'elle allait mourir!!!franchement c'est pas drôle, et pas prudent...ça ressemble à quoi ce risque tandis qu'elle a dit et redit aux élèves que sans casque c'étaient leurs têtes qui feraient casque et qu'elle, c'est sans casque qu'elle s'est élancée en plus dans le brouillard....Elle n'a plus l'âge de confronter son corps au risque de la destruction...Elle sait qu'elle est mortelle et ça ne lui apporte de rien de se confronter au danger mais Robert l'a laissée filer..lorsqu'elle s'est arrêtée lui dire bonjour et Robert a pourtant fait 40 ans de vélo sur les mêmes chemins..Elle ne fait que suivre sa trace....Elle se sent légère, elle se sent heureuse....Elle réussit même à épater ceux qui la croisent : "tu viens de chez toi?" OUI, oui, je viens de chez moi par les chemins, je suis partie de bon matin, à bicyclette........et j'aime la vie qui défile lentement (pour le coup c'est moi qui défile devant la vie !) car j'ai le temps de la regarder et de l'aimer ....