Ma ronde d'enfants
Lorsqu'ils étaient petits, elle portait de grandes jupes et elle disait que justement elle se sentait comme si elle avait à couver, à nicher ses petits au creux de ses jupons. Ils étaient venus s'ajouter un par un les uns aux autres. Cinq, comme une main à qui tous ses doigts sont indispensables. Elle avait laissé beaucoup d'elle, sans jamais pourtant s'être échappée d'elle. Elle, c'était eux. Pas l'idée de se sacrifier du tout, l'impression plutôt de se réaliser. Les gens la trouvaient douce et aimante. Elle portait son étiquette de mère idéale et cachait ses poings et ses cris qui étaient pourtant bien là certains soirs au bord d'elle et entre elle et eux les soirs de grande fatigue. Elle avait quand même passé plus de temps à raconter des histoires et à en inventer qu'à repasser, c'était ça de gagner.
Ils sont devenus grands , ne sont plus là tout le temps. Elle ne porte plus de grandes jupes. Elle est la plus petite de la famille depuis quelques semaines. Elle pense à eux chaque jour et à chacun différemment. Elle aime ce qu'elle entend d'eux. Souvent ça lui suffit. Elle sait les quitter, elle sait s'en passer. Elle sait qu'on grandit d'amour sans pourtant venir chaque jour à la source.